La nuit est tombée depuis 17 heures. Les devoirs sont terminés, la petite famille débute son train-train de la soirée. Les enfants s’orientent vers les jeux : « Et si on faisait une tour ? » dit l’un ; « oh non, j’veux dessiner dit l’autre ». Et puis de grands yeux se tournent vers moi : « Tu joues avec nous ? » La liste des « choses à faire » est encore bien longue ? J’hésite …
Et oui, en fin de journée, nous nous sentons parfois bien épuisé : plutôt l’envie de se poser que de démarrer un jeu avec les enfants. Toutefois, peut-être l’avez-vous déjà remarqué : jouer déstresse et dynamise … Dans le plaisir partagé du jeu, nous nous « digérons » les hormones de stress , tout comme nos enfants.
Jouer, mais quel jeu ?
En voilà une bonne nouvelle : jouer avec votre enfant, c’est une invitation vitalisante pour vous.
- Le maître mot du jeu, c’est le plaisir partagé. Ensemble, vous choisirez une activité qui plait à chacun. Inutile de vous «taper » un jeu de Barbie, si vous n’aimez pas cela. Il débouchera sur un sentiment d’énervement ou de frustration de part et d’autre. Ce n’est pas vraiment l’objectif recherché !
- Il peut arriver que l’enfant soit nerveux pendant le jeu à l’idée que ce moment va avoir une fin et qu’il faut surtout mobiliser le parent « pour ne pas s’arrêter». D’autre part, le parent est parfois stressé d’être « bouffé » par le temps. Brigitte Racine propose une méthode terriblement efficace : jouer durant un temps déterminé, et ce de manière très régulière, en utilisant une minuterie. Cette méthode, très cadrée, apporte beaucoup de bénéfices chez l’enfant. Je l’ai proposé à différentes familles dont l’enfant était décrit comme difficile. Les parents ont été très enthousiastes de ce que ces moments d’exclusivité ont permis. http://blogue.educoeur.ca/?p=246
- Vous remarquerez aussi dans les conseils de Brigitte Racine que le parent est surtout un support et un interlocuteur dans le jeu. Il peut aussi être celui qui met des mots sur l’action qui se joue. Retenons qu’il s’agit surtout de se lâcher, d’observer son enfant, de décrire ce qui se vit … et d’entrer dans le jeu.
Rejouer la réalité pour grandir
Jouer ensemble peut permettre à l’enfant de revisiter des besoins qui sont difficiles à combler dans la vie de tous les jours.
- Certains enfants peuvent être en demande d’affection, comme un puits sans fond. La minuterie peut à nouveau faire merveille. Chaque jour, l’enfant sait qu’il pourra avoir un temps déterminé à l’avance pour se blottir. Exploitez ses cinq sens pour faire de ce moment un « réservoir d’expériences ». Délectez-vous à le toucher. Pourquoi ne pas l’embrasser sur le nez, renifler ses cheveux, se masser, respirer des huiles essentielles, entendre des mots doux, le bercer dans un rocking chair, … Quand il en exprime le besoin, même si votre enfant a huit ou neuf ans, n’hésitez pas à le traiter comme un plus petit. Regardez ensemble de vieilles photos de bébé : « Tu étais tellement adorable, tu étais un chouette bébé ! » Jouez à des jeux physiques que vous avez joué quand il était petit. Toutefois, ce n’est pas le moment de l’excitation comme les chatouillements, où il pourrait déborder au niveau des émotions.
- Si vous et votre enfant avez beaucoup de luttes de pouvoir, il peut être utile de donner à l’enfant des occasions d’être le plus puissant en l’invitant à déjouer le pouvoir d’un terrible monstre – vous ! « Tu es si fort ! Tu m’as poussé jusque là ! ».
- Pour aider un enfant qui est aux prises avec une question difficile, comme un jeu de la cours de récré ou un départ au camp ou encore une maladie, nous invitons la famille à jouer avec des animaux en peluche ou des marionnettes. L’un sera un parent, l’autre un enfant … Entrons dans le jeu : «Faisons semblant que tu es l’instit et je suis l’élève » ou « Faisons comme si tu es le médecin et je suis malade. » Jouer ces situations qui causent tant de stress pour l’enfant dans un contexte non stressant, explorer différentes façons de les vivre, l’aide à sentir qu’il peut vivre cette situation, qu’il gardera le contrôle là où il aurait pu se sentir impuissant et humilié dans la vraie vie. Toute la journée, tous les jours , les enfants ont à gérer des sentiments compliqués. Apprendre que ces émotions peuvent être traversées, peut apporter un sentiment puissant de sécurité et de compétence.
Le jeu est l’occasion de recevoir des soins agréablement et qui correspondent à des besoins qui sont parfois difficiles à exprimer et à entendre. Ne soyez pas surpris si votre enfant veut jouer à ces jeux encore et encore. Ils soulagent le stress, l’aider à réguler ses émotions – et croyez-le ou non, cela est amusant !
Jouer pour gérer le stress parental !
Passer du bon temps et se dire des choses importantes l’air de rien, cela donne de la chair à ce lien affectif profond entre le parent et l’enfant. Les mondes du parent et de l’enfant peuvent se rencontrer. La relation s’en trouve nourrie et apaisée. Plus complices, ils se comprennent mieux au quotidien. Ce lien parent-enfant davantage vitalisé, aide le parent à se sentir plus compétent dans ce rôle, et ainsi réduire son stress. Ce temps de jeu peut aussi permettre au parent de se lâcher quelque peu aussi. C’est pourquoi jouer, avec toute son exubérance et sa créativité, peut soulager le stress des parents.
Jouer, une activité si naturelle
Introduire des moments ludiques dans notre façon d’être parent est la chose la plus naturelle qui soit. Tous les mammifères jouent, c’est leur façon d’expérimenter les compétences qu’ils ont à apprendre, d’apprendre le monde. C’est aussi la façon dont les humains aident les petits à traiter leurs émotions. Nos responsabilités et nos vies bien remplies nous ont parfois éloignés de cette réalité. Et si nos enfants nous invitaient à revoir nos fondamentaux, à revenir à l’essentiel ?
Et, chez vous, que se passe-t-il lorsqu’ils disent : « Tu viens jouer avec moi ? »
Quels sont vos bons plans de jeux ?