Une maman m’écrit : « La journée a été épouvantable … Pas mal de stress au boulot. En plus, il y avait un gros bouchon sur la route du retour et je suis arrivée en retard à la garderie. Marine, ma fille de quatre ans, semblait inquiète, j’étais triste. Ethan, 8 ans, a déclaré que Madame avait demandé que chacun apporte une boite en carton et des pinceaux. Nous avons du faire un crochet au supermarché. Et le temps file, file…Après, cela a été la course : les devoirs avec l’aîné, un coup de fil à une amie, quelques rangements, le souper, … J’étais plutôt énervée … Lorsque Marine a hurlé parce qu’elle ne trouvait pas son pyjama préféré, j’ai explosé, j’ai crié, j’ai envoyé Marine dans sa chambre même si je savais que c’était excessif. Et maintenant je regrette, je n’aurai pas du … »
Prendre du recul
Bref, la ligne rouge a été dépassée ! Un geste inadéquat que nous avions prévu d’exclure dans nos rêves de famille ! Parmi tant de moments à vivre, un moment de découragement, de fatigue, d’exaspération peut prendre le dessus.
Nous sommes tous humains ! Pour Winnicot, l’enfant n’a pas besoin de parent parfait, il a besoin de parents suffisamment adéquats. Cela veut dire qui réagissent généralement de manière adéquate et qui peuvent faire des erreurs.
« Comme parent, nous avons tendance à nous juger négativement quand c’est difficile ; être parent est un rôle difficile. Nous oublions parfois de voir ce qui va. L’estime de soi du parent dans son rôle parental est un élément important pour soutenir son enfant. Il nécessite une juste perception de ses forces et de ses fragilités », explique Germain Duclos (L’estime de soi des parents, éd. CHU Ste Justine, 2009)
Une attitude « adéquate » quand nous avons « dérapé » ?
Face à une erreur, nous apprenons à nos enfants à réparer, s’excuser, gérer les conséquences de l’acte. Nous avons aussi droit à l’erreur. Quelle attitude pour rester cohérent avec nos principes ? Si nos actes et nos mots ont dépassé notre pensée, est-il adéquat de s’excuser auprès de nos enfants ?
Demander pardon, s’excuser est non seulement possible mais une démarche très utile pour l’enfant. Il expérimente comment les parents s’y prennent lorsque la relation est en panne. L’enfant expérimente que les excuses peuvent être un tremplin qui permet à la relation de redémarrer sur une base sereine.
Et l’autorité parentale dans tout ça ?
Certains parents craignent de montrer ainsi leur fragilité aux enfants et que ces derniers aient moins de respect pour l’autorité parentale. L’expérience me montre que, justement, se sentant respecté après la tempête, l’enfant apprend que son parent est vraiment respectable. L’exemple et l’influence marquent profondément les enfants, bien plus que nos beaux discours. Il me semble que l’expérience de la cohérence entre nos discours et nos actes peuvent vraiment construire et outiller nos enfants dans leur façon d’être en relation. Lorsque les parents s’excuse, l’enfant apprend que les adultes ne sont pas parfaits. Cela nous rend plus humain. Nos enfants ont besoin de parents ‘vrais’ qui ont des forces et des fragilités. Etre adulte, c’est accepter cette réalité et le reconnaître.
5 repères pour s’excuser
- Prendre un peu de recul et se calmer. Revenir vers l’enfant à tête reposée.
- Aller près de l’enfant en vérifiant que c’est aussi un bon moment pour lui.
- Décrire, en mots simples et brièvement, les comportements que vous regrettez. S’il a dépassé quelques limites, vous décrivez sobrement la situation en mettant en lumière les limites dépassées.
- Donner quelques informations sur le contexte qui vous a amené à réagir de la sorte. « J’ai eu une journée difficile aujourd’hui, J’étais énervée. Entendre des cris pour le pyjama a été la goutte qui a fait déborder le vase. Je préfère qu’on me le demande simplement ». A cette étape, nous sommes souvent tenté d’argumenter et de nous justifier. L’enfant n’a pas besoin de cet argumentaire, il a juste besoin de comprendre un ou deux éléments de contexte. L’enfant ne comprend pas les longues explications et décroche. Ce n’est pas le but recherché … Donc, être sobre et bref !
- Une note positive qui acte que la relation repart sur des bonnes bases : un bisou, un « top là ». Chez nous, notre phrase préférée après une explication, c’est « On redémarre sur de bonnes bases ? ». C’est un peu magique, comme un rayon de soleil après une grosse bourasque !
Et, chez vous, avez-vous déjà réalisé cette expérience de vous excuser ?
Quelles sont les phrases clés qui vous ont aidé ?
J’ai récemment explosé « pour rien »… Je me suis excusée par la suite, et on a alors parlé d’un sac de bonne humeur et un sac de mauvaise humeur ; le but est bien sûr que le sac de mauvaise humeur n’éclate pas. C’est devenu nos « mots de code » : je préviens les garçons si le sac de mauvaise humeur est déjà bien entamé…et ils se font un plaisir alors de tout faire pour faire exploser celui de bonne humeur 🙂 Ils ont bien sûr le droit de parler de leurs sacs à eux…
Bonjour Charlotte,
Heureuse de te lire via ce blog !
Les images et les métaphores aident petits et grands à parler de soi.
Merci pour cette bonne idée.
Belle journée